Les défis sécuritaires au centre du sommet de la CEEAC

Le president Fatshi et Sasou Le president Fatshi et Sasou

Après plusieurs reports, les chefs d’Etat et de gouvernement dela Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale se sont réunis à la mi-janvier pour la 20e session ordinaire de leur conférence. Un sommet qui a vu le président de la République démocratique du Congo accéder à la tête de l’organisation sous-régionale

Hôte de la rencontre, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, a mis l’accent sur la nécessité de développer des politiques régionales de lutte contre le terrorisme. Invitant ses pairs à s’engager dans la lutte contre ce fléau qui « demeure une menace pour tous », il a rappelé que « lors de la 1ère session extraordinaire de notre Conseil de paix et de sécurité (COPAX), tenue en juin 2021, ici à Brazzaville, nous avons convenu de développer des politiques régionales de lutte contre les nouvelles menaces, singulièrement le terrorisme». Une préoccupation partagée par François Lounceny Fall, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Afrique centrale, pour qui la montée du terrorisme constitue un des principaux défis à relever par les Etats de la CEEAC. « L’Afrique centrale n’est pas épargnée par le terrorisme et l’extrémisme violent. Le bassin du lac Tchad est devenu depuis quelques années l’épicentre de ce fléau dans la sous-région du fait des exactions commises par différentes organisations comme Boko Haram, l’Armée de résistance du Seigneur qui sévit dans certaines parties de la Centrafrique et de la RDC… », a-t-il relevé, appelant les Etats de la CEEAC à mettre en place des « mécanismes politiques, juridiques » pour lutter contre le terrorisme.

Enclencher les mécanismes de riposte

Pour faire face à cette situation sécuritaire qui sévit dans la sous-région, les chefs d’Etat ont exhorté les membres de la communauté à accélérer la mise en place du Mécanisme de coopération policière et judiciaire, du Comité des Sages ainsi que du Centre sous-régional d’études et de coordination de la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la criminalité transfrontalière et transnationale sous toutes ses formes en Afrique centrale. Un accent particulier a été mis sur la piraterie maritime en recommandant la convocation de la première conférence maritime de la CEEAC sur la base des acquis de la Conférence conjointe des chefs d’Etat CEEAC-CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui s’est tenue à Yaoundé, au Cameroun, en juillet 2013, en adoptant une approche fondée sur une triptyque mer-sécurité-développement, en coordination avec la Commission du golfe de Guinée. Parallèlement,le sommet a convié les Etats concernés à accélérer l’activation de la «Zone A» au plus tard en juillet 2022 et a ordonné le déclenchement du processus de mise à jour de la Stratégie de sécurisation du domaine maritime de la CEEAC en vue de l’adapter aux évolutions des exigences de gouvernance maritime globale.

Dans un contexte sécuritaire où nul n’est à l’abri, les chefs d’Etat de la CEEAC ont invité la Commission de l’Union africaine (UA) à organiser, au lendemain du prochain sommet de l’organisation panafricaine, prévu début février à Addis Abeba (Ethiopie), une session extraordinaire sur le terrorisme, conformément à la décision de l’assemblée générale de l’union de février 2020. En attendant, ils ont mandaté la Commission de l’institution sous-régionale pour proposer « dans les meilleurs délais » aux instances décisionnelles des mesures appropriées visant à traduire la solidarité de la communauté à l’égard des Etats membres « victimes des phénomènes de terrorisme, de l’activisme des groupes armés étrangers et locaux, ainsi que de l’exploitation de la transhumance à des fins criminelles ».

Trois secteurs prioritaires pour le mandat de Félix Tshisekedi

Autre point inscrit à l’ordre du jour du sommet, le Tchad où la situation reste fragile depuis le décès subit du président Idriss Déby Itno en avril dernier et la mise en place d’un Comité militaire de transition dirigé par Mahamat Idriss Déby Itno, fils de l’ancien chef de l’Etat. A la disparition de ce dernier, après trente ans de règne, la CEEAC s’est engagée à apporter son soutien au processus de transition en cours dans le pays. Sur ce plan, le président congolais Denis Sassou Nguesso a plaidé pour un soutien de la CEEAC à Ndjamena, soulignant que « c’est ici le lieu de rappeler l’engagement pris, par chacun de nos pays, d’apporter un concours financier et matériel à la transition politique au Tchad ». Et d’enfoncer le clou : « Quelles que soient nos difficultés internes, nous ne pouvons pas demeurer les bras croisés, alors que certains partenaires extérieurs concrétisent déjà leurs promesses en faveur du Tchad. »Un rappel à l’ordre à destination de ceux qui n’ont pas mis la main à la poche depuis l’an dernier.

A la tête de la communauté depuis 2020, le président congolais a passé, à l’issue du sommet, le relais à son homologue de la RDC, Félix Tshisekedi Tshilombo. Dans son discours, le nouveau président de la CEEAC s’est engagé à promouvoir le capital humain durant son mandat en mettant l’accent notamment sur les secteurs de l’éducation, de la santé et de la culture. Pour le numéro un de la RDC, « il est impérieux de former les citoyens de la zone CEEAC pour les rendre autonomes et leur permettre de réaliser pleinement leur potentiel en devenant des membres productifs de leur communauté ».

Rosie Pioth