En quête de résultats tangibles pour la seconde partie de son quinquennat, le président Tshisekedi fonde aussi ses espoirs sur les contrats et les accords avec l’Egypte. Pour cette première visite d’Etat, le numéro un congolais a été précédé dans la capitale égyptienne par une délégation composée de plusieurs ministres, du directeur général du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) et son équipe, du conseiller spécial du chef de l’Etat en matière d’infrastructures, Alexis Kayembe, du conseiller principal au collège infrastructures, David Mukeba, de la conseillère principale en matière juridique et administrative, Dr Nicole Ntumba Bwatsha, etc. D’autres responsables de la Présidence sont également présents. C’est notamment le cas du directeur de cabinet adjoint en charge des questions juridiques, politiques et administratives, le Pr Kolongele Eberande et du conseiller spécial du Président en matière d’investissement, Jean-Claude Kabongo, qui a en charge la structuration et la modélisation des investissements au sein du cabinet du chef de l’Etat. Plusieurs missions ont été envoyées au Caire depuis deux ans. Objectif : nouer des partenariats solides avec les opérateurs économiques égyptiens et inciter les entreprises à investir ou financer des projets en RDC.
Dans le but de matérialiser ces partenariats et ces différentes collaborations, la délégation congolaise, les représentants institutionnels et les opérateurs économiques du pays hôte ont paraphé plusieurs contrats et protocoles d’accord en présence des deux chefs d’Etat. L’agriculture, les infrastructures, l’habitat, les technologies de l’information et de la communication (Tic) constituent les divers secteurs porteurs concernés par la coopération économique entre la RDC et l’Egypte. Si tous les projets examinés étaient effectivement lancés d’ici à la fin de l’année, le pays des Pharaons deviendrait à coup sûr, cette année ou l’année prochaine, l’un des principaux partenaires africains du pays de Patrice Lumumba. Pour préparer la visite présidentielle, la RDC s’est appuyée notamment sur le consortium Egaad (Egyptian African Arab Company for Development) afin de coordonner les initiatives privées dans le cadre du partenariat avec les entreprises égyptiennes, qui veulent s’implanter durablement en RDC afin d’y gagner des contrats et accompagner les grands projets du président Tshisekedi.
Les Egyptiens sont, par exemple, associés à la construction d’une nouvelle cité à la périphérie de Kinshasa, appelée “Kitoko ville”. Son coût est estimé à 3,8 milliards de dollars pour la première partie du projet, avec une durée des travaux s’étalant sur 5 à 10 ans. Le partenaire égyptien Income a été retenu pour sa réalisation. Selon Jean-Claude Kabongo, ce groupe coordonnera la structuration financière et la construction des infrastructures. Pour la partie BTP, Income travaillera en synergie avec l’opérateur chinois CSEC, qui construit déjà la nouvelle capitale égyptienne, New Cairo, située à 50 km de l’actuelle métropole et dont la visite est inscrite au programme du président Tshisekedi. Selon le conseiller spécial Kabongo, la visite du chef de l’Etat congolais de la nouvelle cité administrative cairote « pourra servir de référence pour le projet « Kitoko ville », dont la première phase est constituée du germe de la ville et la cité de la diaspora avec 6000 logements, elle couvrira 2000 hectares » En même temps « une ceinture agricole de 10 000 hectares sera aménagée au-delà du territoire de développement ».
Le site choisi pour cette ville nouvelle est situé à 40 km du centre de Kinshasa et à 15 km de l’aéroport de N’Djili, entre le fleuve Congo et la rivière N’Sele, au sud de la commune de Maluku. Le lancement du projet nécessite un financement initial de 600 millions de dollars, et les maîtres d’œuvre que sont le groupe Income et le chinois CSEC, « se baseront sur les études architecturales et techniques préfinancées par le groupe sénégalais Atepa et réalisées par le cabinet Pierre Atepa Goudiaby », selon les autorités congolaises.
Autre projet : celui de l’ouverture du Kasaï au monde. Lié au programme présidentiel accéléré de lutte contre la pauvreté et de réduction des inégalités, mis en œuvre en synergie avec le FPI, ce vaste projet vise le centre du pays. Pour ce faire, la partie congolaise et les entreprises égyptiennes ont mis en place un programme structurant ayant pour objectif de désenclaver le Kasaï et le reconnecter au reste de la RDC. Au total, les besoins financiers atteignent 400 millions de dollars pour réaliser une série de projets. « La mobilisation de ces fonds s’effectuera au travers d’une syndication de banques, dont notamment AfreximBank avec comme garantie le nantissement d’une quotité de la taxe perçue par le FPI », détaille la partie congolaise. Parmi les projets programmés, il y a celui d’électrification du Grand Kasaï à travers la mise en place d’un centre photovoltaïque de Tshipuka d’une puissance de 10 MW et de la centrale hydro-électrique de Tshibasa (potentiel 50 MW en phase finale) permettant de redynamiser l’industrie locale. Une usine de captage et de traitement d’eau sera érigée à Mbuji-Mayi pour subvenir aux besoins de la population locale et réduire la transmission des maladies hydriques. La construction du port de Ndomba pour désenclaver le Kasaï fait aussi partie des projets sélectionnés. Enfin, pour rompre l’isolement de la région et fluidifier le transport vers les points de consommation provinciaux et nationaux, trois axes routiers seront construits ou réhabilités: Mbuji-Mayi – Kananga (185,5 km), Port de Ndomba – NR1 (30 km), Tshibasa – Mbuji-Mayi (22 km).
De son côté, le groupe égyptien Benya Capital a mis en place un projet de partenariat avec le ministère congolais des Postes, télécommunications et nouvelles technologies de la communication (PTNTIC) pour l’installation de la fibre optique à travers toute la RDC sur plus de 16 000 km de backbone. « Ce projet permettra, à terme, une connectivité optimale et réduira les coûts d’accès à l’Internet, permettant à la RDC d’aller vers une vraie économie digitalisée. Le ministère des PTNTIC facilitera la mise en place de ce projet, dont les coûts d’investissement sont estimés à 480 millions de dollars. Le financement s’effectuera sous le mode BOO (build own operate) en partenariat avec la Société congolaise des postes et télécommunications (SCPT) à concurrence de 70% pour les Egyptiens et 30% pour la RDC (via la SCPT) », confie un membre de la délégation congolaise.
La rédaction