Le monde des affaires turc a choisi d’investir concrètement et massivement en République démocratique du Congo. Cela passera notamment par le financement et la construction d’un centre financier à la Gombe, le quartier d’affaires kinois. Les travaux – dont le coût n’a pas été précisé – ont été lancés en ce début de semaine.
Après avoir passé au moins une nuit en RDC, le président turc, RecepTayyipErdogan, a quitté Kinshasa, lundi 21 févrierà la mi-journée, pour Dakar et Bissau. Plusieurs accordsont cependant été signés par les deux parties. Ils portent notamment sur les infrastructures routières, ferroviaires et fluviales, la santé, la coopération militaire et l’aide à l’armement à travers l’industrie de la défense turque.
Un autre accord a été paraphé dimanche soir au Palais de la nation, la présidence congolaise, entre les deux pays et déjà en cours de matérialisation : l’édification d’un centre d’affaires dans la capitale.Dans vingt-quatre mois, si tout se déroule bien, la RDC devrait se doter d’un centre financier, localisé en face du ministère des Affaires étrangères. Ironie de l’histoire, l’ancien président congolais, Joseph Kabila, avait déjà posé, le 10 juin 2008, au même emplacement, la première pierre pour la construction d’un bâtiment imposant. Celui-ci n’est jamais sorti de terre. Hélas ! La société Rakeen Congo, filiale du groupe émirati Rakeen, a jeté l’éponge. Ce terrain vide, situé près de l’Athénée de la Gombe, a finalement été récupéré par l’Etat.
Des engins et des pelleteuses sont déjà à l’œuvre. En effet, peu avant le départ du président Erdogan, au terme d’une visite officielle de deux jours, une partie de l’importante délégationqui l’a accompagné à Kinshasa, s’est rendue sur le site abandonné par Rakeen. A sa tête, le ministre des Affaires étrangères ainsi que celui des Transports. Avec le ministre d’Etat Molendo Sakombi et celui des Finances, Nicolas Kazadi, ils ont lancé les travaux de construction du Centre financier de Kinshasa. Et ce, en présence de l’inspecteur général des Finances, Jules Alingete, des directeurs généraux des régies financières mais aussi du conseiller spécial, Jean-Claude Kabongo, en charge des investissements au cabinet présidentiel. Les deux chefs d’Etat devaient initialement présider cette cérémonie. Mais leur venue a été annulée in extremis, en raison notamment d’un programme matinal déjà très chargé.
Le Centre financier de Kinshasa, est, d’après le grand argentier congolais, l’un des premiers fruits des déplacements officiels du président Félix Tshisekedi en Turquie, en septembre et décembre 2021. « Il verra le jour grâce aux efforts diplomatiques inlassables du président de la République », poursuit Nicolas Kazadi. Son financement et sa construction, dans un délai de vingt-quatre mois, se feront par des partenaires turcs, parmi lesquels le Consortium Miller Holding Group. Pour la partie congolaise, c’est notamment le ministère des Finances qui est mis en avant. « Il est question, explique le chef de ce département, de doter notre pays et notre ministère des bâtiments dignes de ce nom parce que nous n’en avons pas. Nous avons en effet un déficit énorme de bâtiments pour toutes nos régies financières, et pour le ministère y compris l’administration et surtout le cabinet.» Et d’ajouter que l’acte posé par les Turcs confirmera que la politique menée par leur gouvernement tend à rassurer les investisseurs : «La RDC est de nouveau un pays sur lequel on peut parier et gagner.»
Ce futur centre administratif est déjà présenté comme le « Bercy » congolais, à l’instar du vaste complexe parisien abritant le cabinet et l’administration du ministère français des Finances et de l’économie, près de la gare de Lyon, dans le 12ème arrondissement. Celui de Kinshasa abritera le cabinet du ministre des Finances, celui de son collègue du Budget, les directions générales des régies financières, à savoir : la douane (DGDA), les impôts (DGI) et les recettes administratives et domaniales (DGRAD). L’Inspection générale des finances (IGF) et le secrétariat général aux Finances y seront également logés. On y trouvera aussi la future Banque de développement qui reste à créer ainsi que le futur fonds d’investissement souverain.
Il y aura, en outre, des salles de conférences et des amphithéâtres. A en croire le ministre Nicolas Kazadi, qui a fait l’énumération des bâtiments prévus dans ce vaste complexe en gestation, un édifice sera aussi dédié à un hôtel de grand standing dont l’exploitation devrait se faire en partenariat avec un groupe hôtelier de renommée internationale.
La Rédaction