Le ministère des Finances fait ses comptes et établit les grandes lignes à suivre pour 2022, dans son « Rapport annuel 2021, Perspectives 2022 ». Plutôt satisfait sur les résultats enregistrés en 2021, le rapport insiste sur l’appui à la stabilité macroéconomique, la qualité de la dépense publiques et l’accélération des réformes, tout en améliorant le climat des affaires pour attirer les investissements. Il s’agit aussi de développer un secteur financier solide et résilient aux chocs tout en renforçant la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et la fraude fiscale.
En présentant jeudi 10 février, le rapport annuel 2021 et les perspectives de 2022, de son ministère, Nicolas Kazadis’est félicité du record historique de la mobilisation des recettes et de la bonne gestion des dépenses qui a permis d’accroître les investissements dans les secteurs productifs et sociaux tout en observant une discipline budgétaire renforcée.
Effectivement, les recettes intérieures ont bondit de 70% en 2021 par rapport à 2020 pour atteindre 12 000 milliards de Francs congolais contre 6 900 milliards en 2020 ets’est accompagnée d’une hausse de la pression fiscale à 11,1% du PIB contre 7,0% en 2020.
Du côté des recettes extérieures, malgré un contexte difficile lié à la pandémie de Covid 19, « le réchauffement de la coopération au développement avec les partenaires bi-et-multilatéraux s’est matérialisé par une augmentation des allocations passant de 5,4 milliards de dollars en 2020 à environ plus de 7 milliards en 2021, hors FMI », note le rapport. Cependant, un point important reste à améliorer. L’exécution financière et physique des projets et programmes demeure « modérément satisfaisante », ce qui nécessite un effort pour renforcer les capacités de mise en œuvre de ces projets.
Gestion prudente
En 2021, le gouvernement s’est engagé sur une « gestion prudente et viable de la dette publique ». L’encours de la dette publique s’élève à 7,2 milliards de dollars dont 4,7 milliards de dette extérieure, soit 65,5% du total, et 2,5 milliards de dette intérieure, soit 34,5% du total. Le service de la dette s’élève à 736,4 millions de dollars.
Le ministère a opté pour un renforcement de la discipline budgétaire avec la volonté de contenir l’augmentation des dépenses publiques (54%) en dessous de celle des recettes (70%), par rapport à 2020. Le déficit budgétaire de 392 milliards de Francs congolais enregistré en 2021 reste largement inférieur à celui de 2020 : 932 milliards en 2020.
La normalisation des relations avec les institutions financières internationales a permis au pays d’accéder à de nouveaux financements. Avec le Programme économique triennal signé avec le FMI, la RDC bénéfice d’une enveloppe de 1,52 milliard de dollars au titre d’appui à la balance des paiements.
Réformes
Dès son arrivée, le nouveau gouvernement emmené par le président Félix Tshisekedi s’est engagé dans une série de réformes pour renforcer la transparence, élargir l’espace budgétaire et améliorer le climat des affaires. Cela passe par exemple par le rétablissement du bon fonctionnement de la TVA, la mise en place du Système de Traçabilité des Droits d’Accises (STDA) et la digitalisation des régies financières grâce à l’implémentation du logiciel ISYS-Régies. Le dispositif de contrôle des finances publiques a été renforcé avec notamment la mise en place de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP). Le secteur minier est aussi sous surveillance avec la mise en place du mécanisme de transparence minière par l’adoption de la feuille de route ITIE (Initiative pour la transparence dans les industries extractives)2021-2023.
Défis
L’année 2022 aura son lot de défis à relever. Le pays devra trouver les ressources publiques pour s’inscrire « dans la trajectoire du Programme du Gouvernement d’Union Sacrée investi en avril 2021 visant à atteindre la moyenne annuelle de 12 milliards de dollars sur la période 2021-2023 », précise le rapport. Pour 2022, le ministère s’est fixé pour objectif de lever 14 756 milliards de Francs congolais, soit une augmentation de 25 % par rapport à 2021. Ces ressources seront nécessaires pour continuer à lutter contre la pandémie de Covid-19, accélérer les réformes et financer les projets prioritaires du gouvernement, notamment les élections, la pacification et la stabilisation de l’Est du pays, et les IXème Jeux de la Francophonie, qui se dérouleront du 19 août au 28 août.
Les perspectives économiques meilleures pour l’économie nationale en 2022, soutenues par une reprise économique mondiale et des cours élevés des matières premières, devraient permettre une nette hausse de l’investissement public pour appuyer la relance économique. La croissance économique est attendue à 6,4%, avec une inflation contenue à 6% et une monnaie nationale stable.
Pour 2022, Nicolas Kazadi souhaite rendre son ministère « moderne, mobilisateur et performant », notamment grâce la digitalisation à tous les niveaux et mobiliser suffisamment de ressources pour financer le programme de développement des 145 territoires. Le ministère compte aussi accompagner le développement du secteur financier à travers une supervision renforcée du secteur bancaire et de microfinance, l’accroissement du crédit à l’économie et la promotion des assurances.
IGF
Comme le montre un rapport de l’inspection générale des finances (IGF) publié en février, la lutte pour la bonne gouvernance et contre la corruption reste un travail de longue haleine et d’actualité. Ce rapport épingle la gestion de cinq programmes du ministère de la Santé. « En six ans, 300 millions de dollars ont été détournés », selon l’IGF.
Anne Lauris