Le processus électoral pour la présidentielle, couplée à des législatives, du 22 novembre, est entré dans la dernière ligne droite. Le 21 octobre, des experts de l’Organisation internationale de la francophonie et de l’Union africaine ont estimé, après audit, que le fichier électoral était « fiable » pour des « élections en confiance ». Le lendemain, 22 octobre, c’est au tour du Conseil constitutionnel de publier la liste des prétendants à la magistrature suprême. Sur les quatorze dossiers transmis le 7 octobre, seul celui du leader du Mouvement des intellectuels pour le développement, Harouna Kindo, a été recalé pour non-paiement de la caution (25 millions de francs CFA). Au total, treize candidatures ont été validées par la haute cour.
Outre le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, qui brigue un second mandat, on retrouve dans les starting blocks presque tous les ténors de la scène politique burkinabè, comme le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, Eddie Komboïgo, candidat de l’ancien parti au pouvoir sous l’ex-président Blaise Compaoré, Kadré Desiré Ouédraogo, ancien Premier ministre de M. Compaoré, Ablassé Ouédraogo, Gilbert Noël Ouédraogo, Tahirou Barry, ou encore l’ancien Premier ministre de la transition en 2014, le général Yacouba Isaac Zida, en exil au Canada, que certains ont vite fait de surnommer le « candidat par contumace ». Pour d’autres postulants, tels que Farama Ambroise, Abdoulaye Soma, Do Pascal Sessouma, Aimé Tassembedo et Yeli Kam Monique, seule femme sur la ligne de départ, c’est le baptême du feu.
Elu dès le premier tour avec 53,5% des voix en 2015, cette seconde élection présidentielle de l’ère post-Blaise Compaoré, s’annonce on ne peut plus compliquée pour le président candidat Roch Marc Christian Kaboré. Son arrivée au pouvoir avait suscité de grands espoirs de changement et de développement vite retombés. 63% des Burkinabè, selon un sondage du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) réalisé en juin dernier, ne sont pas satisfaits de son action. Par ailleurs, l’éventail de l’électorat qui l’avait porté au pouvoir s’annonce restreint avec l’entrée en lice de candidats exclus du scrutin de 2015 pour avoir soutenu le projet de modification de la Constitution voulu par Blaise Compaoré. Notamment du Congrès pour la démocratie et le progrès, l’ex-parti au pouvoir pendant 27 ans. « Ce scrutin reste très ouvert, contrairement à 2015. L’euphorie de la révolution populaire qui a fait tomber Blaise Compaoré avait joué un grand rôle dans l’élection de l’actuel chef de l’Etat, d’autant que l’ex-parti était interdit de concourir. Il va donc récupérer son électorat qui s’était porté sur Kaboré en 2015. La compétition s’annonce serrée », analyse un politologue burkinabè. Mais dans l’entourage de l’actuel locataire du palais de Kosyame, présidence de la République, le moral est au beau fixe, misant sur des « élections transparentes, sans incidents majeurs ni violences », contrairement à ce qu’il se passe dans certains pays voisins.
Ainsi, à quelques jours du premier tour, les différents acteurs – candidats aux élections présidentielle et législatives, responsables de la société civile, des médias – impliqués dans le scrutin du 22 novembre se sont engagés à ne pas jeter de l’huile sur le feu, dans un contexte déjà fragile. Sous l’égide du Conseil supérieur de la communication, ils ont signé, le 26 octobre dernier, un pacte de bonne conduite pour «une campagne et des élections apaisées» en présence du Premier ministre, des représentants des partenaires financiers et techniques impliqués dans le processus électoral. Objectif final de ce pacte : éviter que les discours électoraux ne mettent en péril la cohésion sociale dont le « Pays des Hommes intègres » a toujours fait preuve même dans les moments les plus critiques de son histoire.
La Rédaction