Yann Kwete, fondateur de la plateforme Galerie Kub’Art ne s’est pas découragé. Certes, la pandémie du Covid-19 a bouleversé ses projets. «J’ai dû revoir ma stratégie. Nous misons désormais sur le numérique et le développement de la plateforme. L’ouverture de la galerie d’art est reportée », explique-t-il. Installé à Montréal au Canada, cela fait près de trois ans qu’il porte ce projet ambitieux de monter une structure qui soit à la fois une vitrine de l’art contemporain africain, un pont entre les artistes africains, afro-descendants et ceux issus autres continents, un moyen de développer des projets collaboratifs mais aussi un espace de vente en ligne. Le site a été défini le 7 novembre 2020.
«Le marché de l’art contemporain africain, hormis l’Afrique du Sud, se joue plus à Londres, Paris ou New York. Le manque de valorisation des artistes sur le continent est flagrant. Sans critiques d’art, curateurs, commissaires priseurs, le marché échappe à l’Afrique. La culture reste le parent pauvre des politiques et les dirigeants ne font rien pour aider les artistes », constate Yann Kwete. Kub’Art se positionne donc pour combler, en partie, ce manque et donner de la visibilité aux artistes africains. Il a déjà constitué une équipe de six personnes. «A terme, nous devons mettre en place la plus importante plateforme économique de l’art et de la culture africaine en Amérique du Nord et à l’international».
Agent d’artistes
Pour accompagner les artistes, Kub’Art leur propose de constituer des portefeuilles afin de les présenter à d’autres galeries mais aussi de mettre en place des stratégies marketing pour promouvoir leur travail. En fait, c’est un véritable travail d’agent artistique (un métier dévoilé dans la série TV 10% sur le cinéma). «Nous souhaitons les accompagner sur plusieurs années, ce qui permet aux artistes de se focaliser sur leur travail. Nous, nous occupons de monter des projets, de l’aspect commercial et du développement de leur image à l’international », détaille Yann Kwete.
Sur la plateforme, on peut déjà découvrir le travail de neuf artistes dont celui de Rachel Malaika, une kinoise qui propose des photographies de portraits mis en scène mais aussi des peintures ou celui du peintre kinois Pita Kalala.
L’an 2021
Dès le début de l’année, le «market place» de la plateforme sera lancé et régulièrement, un artiste sera mis en avant, pendant deux mois sur le site. «Si tout va bien, au deuxième trimestre 2021, des expositions, des vernissages pourront être organisés ainsi que des résidences d’artistes, se rassure-t-il. Il faut reconnaître, le numérique c’est bien, mais en matière d’art, rien ne remplace la rencontre physique avec une œuvre. »
Kuba
Pour monter ce projet culturel, Yann Kwete s’est appuyé sur son expérience passée dans le monde des arts urbains. Après un diplôme de Bachelor en art visuel à Kinshasa, il a travaillé pendant une quinzaine d’année dans le monde de la communication et des arts vivants, organisé des événements comme le Kingraff à Kinshasa en 2013, festival dédié aux graffitis sur le thème de «Peindre le sida» ou la journée des arts urbains en 2016, avec l’appui de l’Institut Français. Avec des correspondants à Paris, Dakar, Kinshasa et Brazzaville, Kub’Art, tisse sa toile. Kub’Art, cela sonne bien mais encore mieux lorsque l’on sait que Yann Kwete est issu d’une ethnie reconnue pour son art royal et aristocratique: le royaume Kuba.
Anne Lauris
Site: //kubart.gallery/qsn/
