La RDC is back

La perspective associée à la notation de la RDC par l’agence S&P Global Ratings est passée de positive à stable. Cette amélioration conforte la volonté réformatrice du gouvernent congolais.

Le mois de janvier a été un mois fructueux pour le ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi. Après avoir organisé une retraite stratégique sur trois jours,  du 14 au 16 janvier, à Muanda, sur la façade maritime de la RDC, des membres importants de son département et ceux des trois régies financières de l’Etat (douane, impôt et ex-contributions), le grand argentier national a fini ce premier mois de l’année 2022 sous les meilleurs auspices vis-à-vis de la communauté financière internationale.

Et pour cause, la vénérable agence de notation de la dette souveraine des Etats, S&P Global Ratings, a en effet revu favorablement la note attribuée l’an dernier à la patrie de Patrice-Emery Lumumba. Celle-ci est passée, le 28 janvier dernier, de ‘CCC+/C’ à ‘B-/B’. Cette suite de signes et de lettres peut paraître absconse pour le commun des mortels. Mais du point de vue de ceux qui évaluent la qualité de la signature d’un Etat envers ses créanciers internationaux, une telle révision est une sacrée bonne nouvelle pour ce grand pays situé au cœur du continent africain. Celui-ci revient de loin. Et, de son côté, l’énarque Nicolas Kazadi n’a pas boudé son plaisir. D’autant que la RDC est souvent critiquée pour la faiblesse de sa gouvernance et parfois pour avoir aussi manqué à certains de ses engagements vis-à-vis de la communauté financière internationale. Des défauts rédhibitoires que l’actuel gouvernement tente tant bien que mal de corriger.  

L’occasion faisant le larron, le ministre congolais des Finances a saisi la publication du « rating » de son pays par S&P pour réitérer ses efforts en vue de mobiliser davantage de ressources pour les deux exercices fiscaux à venir. Et ce d’autant que le Parlement a voté en décembre dernier un budget pour l’année 2022 à deux chiffres (11 milliards de dollars) qui devient de plus en plus crédible et réaliste vu les performances sans cesse croissantes des régies financières de l’Etat. Celles-ci ont par ailleurs signé à l’issue des assises organisées à Muanda un contrat de performance avec le ministère de tutelle. La croissance économique étant robuste et le secteur minier – principal contributeur au Budget de l’Etat – ayant le vent en poupe, le ministre des Finances se met, lui, aussi, à rêver des lendemains qui chantent. A Muanda, il a notamment balisé le chemin des réformes prévues pour cette année, à commencer par la digitalisation de l’économie et celle des secteurs et des appendices de son ministère.

Dans leur évaluation, les analystes de S&P prennent en compte cette volonté réformatrice de l’actuel grand argentier congolais. Le fait d’être en programme avec le Fonds monétaire international a considérablement contribué à crédibiliser la démarche de Nicolas Kazadi. Les financements alloués semestriellement par le FMI et la bonne tenue des cours du cuivre et du cobalt ont achevé de convaincre les experts de S&P que la RDC est sur la bonne voie. D’où une amélioration sensible de la note qui lui est ainsi attribuée.

Mais les mêmes analystes surveillent par ailleurs comme le lait sur le feu l’évolution de la situation sécuritaire du pays et le contexte de précampagne pour l’élection présidentielle de 2023 à laquelle devrait se représenter l’actuel chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Ce dernier fait alors confiance au Premier ministre Sama Lukonde et à son « chancelier de l’Echiquier »  – comme disent les Britanniques – pour maintenir la notation à son niveau actuel (plutôt favorable) ou la rendre encore meilleure. 2022 est décidément une année décisive pour le dernier tiers du quinquennat du président Tshisekedi mais aussi en vue d’une éventuelle réélection à la tête de la RDC.

F.K.