Longtemps à la remorque du dollar, le franc congolais affiche, ces derniers temps, une appréciation notable face à la devisee américaine. Une embellie saluée par le Conseil économique et social, qui y voit un signal positif pour l’économie et le pouvoir d’achat. Tout en appelant à des mesures pour maintenir le cap.
Dans un document rendu public mi-octobre, le Conseil économique et social (CES), dont le bureau est présidé par Jean-Pierre Kiwakana, qualifie d’«évolution favorable», et attribue cette appréciation du franc congolais (CDF) aux mesures mises en place par la Banque centrale du Congo(BCC) dans la droite ligne des instructions du chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui ont consisté notamment à éponger l’excès de liquidité dans l’économie. Car l’offre excédentaire de francs a causé des déséquilibres conjoncturels, entamé le pouvoir d’achat et exacerbé la spéculation à la hausse du dollar. A la mi-septembre, la barre des 2900 Fc pour un dollar était presque franchie. Actuellement, la monnaie nationale s’apprécie et son cours oscille entre 2 100 et 2 400 CDF pour un dollar. Le CES croit fermement à des retombées positives directes et indirectes pour les ménages, les entreprises et l’Etat congolais, grâce à ce fléchissement du cours du dollar sur le marché des changes.
Hausse du pouvoir d’achat et économie forte
Pour le CES, l’appréciation du franc congolais conforte ou au mieux augmente le pouvoir d’achat, car elle permet au Congolais d’acheter plus de produits facturés en dollar avec le même revenu en monnaie nationale. Malgré le scepticisme de certains sur de réelles retombées dans le panier de la ménagère, la 3ème assemblée constitutionnelle de la RDC explique que les produits importés coûtent moins cher suite à l’appréciation du franc congolais par rapport au billet vert, devise étrangère avec laquelle se font les importations des denrées alimentaires, des produits pétroliers et des biens consommation. Cette amélioration du pouvoir d’achat – obtenue en payant moins cher les produits importés – pourrait booster la consommation intérieure qu’elle considère comme principal moteur de la croissance. Si, en outre, les étiquettes changent réellement sur les étals, les acheteurs débourseront moins en francs congolais ou consommeront davantage.
Parallèlement, l’augmentation de la demande intérieure amène les entreprises à y répondre et donc à investir davantage pour accaparer ces « revenus supplémentaires » générés par l’embellie de la monnaie nationale. L’accroissement de la production causé par l’augmentation des investissements contribue à la création d’emplois et à plus de dynamisme, in fine à plus de croissance.
Un impact maîtrisable sur les finances publiques
S’il relève la baisse temporaire de la valeur en francs des recettes de l’Etat en devises, le CES attire cependant l’attention sur trois mesures pour compenser cette perte. En premier, la suppression des allègements fiscaux accordés en 2024 aux importateurs, qui générera des nouvelles recettes, le taux de change étant favorable à la monnaie nationale. En second lieu, l’augmentation de l’activité économique, grâce à des investissements pour accroître les recettes publiques. Et enfin, la reprise des exportations de cobalt, dont les cours sont élevés sur les marchés internationaux, accroîtra les recettes d’exportations, les réserves de change et améliorera le solde commercial de la balance des paiements.
En conclusion, le CES croit possible un cercle vertueux où la hausse de la consommation (des ménages) stimule l’activité économique des entreprises (grâce à leurs investissements) qui génère plus de recettes fiscales que l’Etat peut à son tour réinvestir dans les infrastructures (dépenses publiques). En définitive, conclut le CES, c’est le PIB qui augmentera au-delà des prévisions.
Jean-Louis Miasuekama



