Mercredi 1er avril, des jeunes motards, appelés communément Wewa, ont pris pour cible un autocar à bord duquel se trouvaient des expatriés, en lançant des projectiles contre le véhicule, qui ont brisé ses vitres. Une attaque survenue malgré la présence à bord du car de quelques policiers armés. La cause de cet incident : les conducteurs de taxi-moto ont en effet repéré plusieurs Occidentaux à l’intérieur de cet autocar. Pour eux, il ne pouvait s’agir que de voyageurs en provenance de l’étranger, fraîchement débarqués à l’aéroport de N’Djili. Ce qui, aux yeux de ces jeunes gens, paraît comme suspect, les frontières étant fermées pour tenter de ralentir la propagation du coronavirus « importé » de l’étranger.
Le premier patient atteint du covid-19 détecté en République démocratique du Congo était un Congolais revenant de France. D’où, en ce moment, il ne fait pas bon d’être Congolais de la diaspora ou voyageur en provenance des zones à risque comme la France, l’Italie, l’Espagne ou les Etats-Unis. Tous suspects.
Les expatriés ciblés par les conducteurs de moto-taxi ont mis du temps à comprendre ce qui leur arrivait, alors que les Kinois sont plutôt réputés hospitaliers. Il s’est agi en fait d’un gros malentendu qui aurait pu mal tourner, car l’incident a quand même fait des blessés légers parmi les passagers de l’autocar. Ces derniers font partie du personnel de la compagnie pétrolière française, Perenco. En provenance de Muanda, une ville de la façade maritime du Kongo central, à l’ouest du pays, les dix-sept malheureux ont atterri mercredi à l’aéroport de N’Djili avant de prendre la route pour gagner leur hôtel, en attendant un vol d’évacuation le lendemain vers Paris. Ils ont attendu auparavant patiemment dans cette ville côtière avant de pouvoir transiter par Kinshasa..
Or la compagnie Air France prévoyait justement d’organiser un vol commercial en lien avec l’ambassade de France à Kinshasa. Et ce, pour rapatrier vers Paris les ressortissants français et les résidents congolais bloqués dans la capitale congolaise depuis la fermeture des frontières. Mercredi soir, un Airbus est heureusement arrivé à vide de la capitale française. Les 17 expatriés employés par Perenco sont donc arrivés à temps pour prendre ce vol. Seul problème : l’avion arrivé de Paris devait d’abord passer la nuit sur le tarmac de l’aéroport de N’Djili avant de redécoller le lendemain. L’Airbus est donc reparti plein jeudi matin, avec à son bord les dix-sept occupants de l’autocar lapidé la veille par les conducteurs de moto-taxi. Une chose est sûre : le personnel expatrié de Perenco n’est pas près d’oublier ce rapatriement mouvementé et périlleux en ces temps de crise sanitaire et de confinement.
Quant à Air France, son directeur, Olivier Jallet, a confié qu’un autre vol pourrait probablement être organisé au départ de Kinshasa, mais à une date restant encore à préciser.
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