Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara passe la main

Le mystère est levé ! Alassane Dramane Ouattara ne sera pas candidat pour un troisième mandat lors de la présidentielle d’octobre prochain. « Durant les deux mandats que vous m’avez confiés à la tête de notre beau pays, j’ai toujours accordé une importance toute particulière au respect de mes engagements. Dans le même esprit,  j’avais, à plusieurs occasions, indiqué au moment de l’adoption de la Constitution de la troisième République, en 2016, que je ne souhaitais pas me représenter à un nouveau mandat présidentiel. En conséquence, je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle (…) J’ai décidé de transférer le pouvoir à une jeune génération. Je veux transférer le pouvoir d’un président démocratiquement élu à un autre pour la première fois de notre histoire », a déclaré le président ivoirien, le 5 mars, devant les parlementaires réunis en congrès à Yamoussoukro, la capitale économique du pays, pour le discours annuel du chef de l’Etat sur l’état de la nation, et le lancement du processus de révision constitutionnelle, ou plutôt les aménagements de la Constitution de la Troisième République ivoirienne adoptée en 2016.

 

Cette annonce de l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny a surpris la plupart des 352 parlementaires et au-delà. « C’est la surprise du chef », ironise l’un d’eux qui n’a « rien vu venir » et se réjouit de la décision du chef de l’Etat, qui lève ainsi tout doute quant à une nouvelle candidature. Élu une première fois en 2010, puis réélu en 2015, le président ivoirien a en effet longtemps laissé planer le doute sur un troisième mandat. Ses différentes déclarations sur le sujet n’ont jamais fait taire les supputations. Comme à la fin de l’année dernière lorsqu’il a déclaré, lors d’une visite dans le Hambol (nord), « je ne souhaite pas être candidat. Mon intime conviction est qu’après deux mandats, il faut passer la main. L’année prochaine, j’aurai 78 ans. Ce que l’on peut faire à 68 ans, on ne peut plus le faire à 78, à fortiori à 85 ou 86 ans. À partir de cela, j’estime que c’est mieux que tous ceux de ma génération décident par eux-mêmes de ne pas être candidat ». Là encore, le doute était de mise, même dans son propre camp, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), où on ne sait plus trop sur quel pied danser à quelques mois du scrutin présidentiel. Le ciel est désormais éclairci. A ceux qui peuvent encore douter de ses interventions, Alassane Ouattara s’est voulu clair en parlant de la révision constitutionnelle : « Il est vrai que cela suscite souvent méfiance et suspicion, car c’est souvent un prétexte pour se maintenir au pouvoir. Je voudrais vous rassurer, ce projet de révision constitutionnelle ne s’inscrit nullement dans cette optique. »

En renonçant à un troisième mandat, à l’heure où les tripatouillages constitutionnels sont devenus la règle dans certains pays africains pour s’éterniser au pouvoir, la décision du président ivoirien se révèle une leçon pour nombreux de ses pairs sur le continent. Il donne ainsi temps au RHDP de se préparer pour le prochain scrutin, et jette un gros caillou dans la cour de l’opposition.

La Rédaction>