Un séjour privé moins discret pour le président Tshisekedi en Belgique

Le président Tshisekedi s'est aussi rendu à la chancellerie congolaise. A sa droite, l'ambassadeur Christian Ndongala, et à sa gauche, son secrétaire particulier, Taupin Kabongo.

Le chef de l’Etat congolais est rentré jeudi 17 mars à Kinshasa. Mais son absence a donné lieu à des folles rumeurs notamment sur la toile.

Le Président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, vient de passer un séjour privé d’une dizaine de jours en Belgique. Un séjour privé qui lui a permis d’effectuer un check up, à la clinique Saint Luc de Bruxelles. Un contrôle de santé normal, pourrait-on dire.  Mais cette fois, l’état de santé du premier magistrat du pays a préoccupé plus d’un, au pays et à l’étranger, suscitant des rumeurs aussi folles les unes que les autres, car il a été annoncé que le Chef de l’Etat souffrait d’une hernie discale.

Un communiqué de l’ambassadeur de la RDC à Bruxelles, Christian Ndongala Nkuku, samedi 12 mars, précisant que le Chef de l’Etat n’avait subi aucune intervention chirurgicale, n’a pas suffi à convaincre les plus sceptiques dans les deux pays. Bien au contraire, la toile s’est emballée et le doute s’est insidieusement répandu parmi la population congolaise.

On apprit, dans la soirée du 15 mars, par des indiscrétions, que le Chef de s’était rendu à l’ambassade de la RDC, rue Marie de Bourgogne,  qu’il s’était adressé aux diplomates et au personnel de droit local, accordant même des audiences à plusieurs personnalités, à l’exemple d’André Flahaut, ancien ministre belge de la Défense. On précisa qu’il portait une minerve autour du cou. Mais sans image, peu de gens y prêtèrent foi.

Pour convaincre les disciples de Saint Thomas et rassurer la population, le président de la République s’est résolu à apparaître devant des membres de la communauté congolaise de Belgique.

Ce jour-là, mercredi 16 mars, Félix Tshisekedi a expliqué qu’il souffrait depuis quelques temps d’une hernie discale cervicale. Un disque entre les vertèbres avait été compressé ainsi qu’un nerf, provoquant une forte douleur dans le bras. Il ne s’agissait donc pas, comme certains l’ont avancé, d’un problème cardiaque. Mais cette douleur, très invalidante, est survenue au moment où il y avait une forte activité diplomatique à Kinshasa.

« J’ai consulté un très grand spécialiste qui m’a réparé, un grand magicien », a-t-il lâché, avec un brin d’humour, en parlant du Pr Raftopoulos, né à Kisangani,  qui l’a soigné et l’a obligé à porter une minerve pendant un temps. Depuis lors, tout est rentré dans l’ordre.

La vision diplomatique de Félix Tshisekedi

Au-delà de ce problème de santé qui, avec le recul, paraît comme un épiphénomène, le séjour privé du Chef de l’Etat congolais en Belgique a surtout été marqué par son adresse au personnel de l’ambassade de la RDC sur sa vision diplomatique.

Du temps de la guerre froide, les Etats du monde se rangeaient à droite quand ils partageaient la vision américaine ou à gauche lors qu’ils soutenaient la politique soviétique. Au milieu, il y avait le groupe des « non alignés ». A l’époque à  Kinshasa, l’on disait « ni à gauche, ni à droite, ni même au centre ». 

Pour le président Tshisekedi, la RDC a engagé un nouveau partenariat « avec tout le monde, sans privilégier une catégorie de pays ». « Nous sommes à l’heure de la mondialisation, nous sommes obligés de revoir notre politique diplomatique pour nous ouvrir à de nouveaux partenariats », a-t-il soutenu, en citant la Chine, l’Inde, la Turquie et les pays du Golfe.

Son analyse est que le monde étant « en train de se redessiner », il ne faudrait pas que son pays rate cette occasion, « parce que nous sommes appelés à devenir un pays leader », estime-t-il.

En Afrique, l’ex-président en exercice de l’Union africaine promeut la politique de bon voisinage : vivre en paix avec tous les pays voisins, qui sont neuf autour de la RDC. « Nous devons changer de paradigme pour vivre en paix afin de  développer la sous-région, l’une des plus riches du monde en termes de ressources humaines et minérales », explique-t-il.

Avec les pays voisins, notamment ceux de l’Est, il veut tourner la page du passé et regarder vers l’avenir. Sa conviction est que les populations de la sous-région doivent continuer à vivre ensemble.

Si la paix avec les pays voisins est nécessaire, le Chef de l’Etat n’oublie pas pour autant ce qui se passe dans l’Est de son pays. Il s’est toujours dit déterminé à y ramener la paix. C’est le sens du partenariat entre les armées congolaise et ougandaise, qui mènent des opérations communes dans les régions sous état de siège.

Concernant l’actualité internationale – la guerre en Ukraine -, M. Tshisekedi soutient la démarche de son homologue sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine. Ce dernier s’est entretenu avec le président de la Russie, Vladimir Poutine, et lui a offert sa médiation.. 

La main tendue à la diaspora congolaise

Ne perdant pas de vue la politique intérieure de son pays, il veut que la mission diplomatique de la RDC devienne la « Maison du Congo », qui ouvre ses portes à tous les Congolais, « tant à ceux qui se disent opposants qu’à ceux qui sont au pouvoir ».

C’est dans cette optique que des facilités ont été mises en œuvre afin de permettre  à tous les compatriotes ayant acquis, pour diverses raisons, une nationalité étrangère, indistinctement, d’accéder au territoire national en prenant leur visa à l’arrivée à l’aéroport.

Enfin, pour ce qui est du changement climatique, on sait que le bassin du Congo,  dont environ 60% se trouvent en RDC, abrite la deuxième forêt tropicale du monde après l’Amazonie. Et pour que la RDC devienne un pays solution, le chef de l’Etat congolais entend développer un  partenariat avec la Zambie, dans le secteur des énergies renouvelables, pour la production des batteries, grâce au lithium, avec l’accompagnement d’une firme chinoise.

Roger Mazanza Kindulu