L’Artemisia proche de la reconnaissance finale ?
Cela vient d’être confirmé : les chercheurs de l’Institut Max Planck ont démontré l’efficacité de l’Artemisia, et notamment son principe actif, l’Artemisinine, contre le Covid-19. La seconde batterie d’essais cliniques est d’ores et déjà enclenchée et sera menée sur des patients situés aux Etats-Unis. L’Artemisia n’est pas une inconnue, elle utilisée depuis des siècles dans la médecine traditionnelle chinoise et malgache pour ses propriété antipaludiques. Ses propriétés sont scientifiquement prouvées depuis des décennies : l’Artemisinine est en effet utilisée dans le cadre des traitements antipaludiques sous le nom d’Artemisinin-based Combination Therapy (CTA). Et ce, notamment grâce aux travaux des Dr Youyou (Chine), Campbell (Irlande) et Satoshi Ōmura (Japon), tous biochimistes et prix Nobel de médecine, ou encore l’épidémiologiste Nanshan Zhong, découvreur du SRAS en 2003. Certains scientifiques occidentaux persistent pourtant à critiquer la plante pour sa posologie délicate. Outre les travaux récents de Pamela Weathers, professeure de biochimie au Worcester Polytechnic Institute, aux Etats-Unis, qui battent en brèche ces arguments, les contempteurs de l’artemisinine ne semblent pas appliquer leur raisonnement à la Chloroquine pourtant considérée comme plus toxique et surtout, plus onéreuse.
Débat récurrent mais cantonné à un cercle assez restreint d’amateurs éclairés, la question de l’efficacité de l’Artemisinine en général ou contre le covid-19 en particulier n’aurait peut-être jamais défrayé la chronique. En cause, le président malgache Andry Rajoelina, qui lançait en grande pompe, courant avril et en pleine pandémie, son tambavy : une décoction de plantes médicinales malgaches composées à plus de 60% d’Artemisia et destinée à prévenir et guérir du coronavirus. Abondamment critiquée à l’époque par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le remède de l’Institut malgache de recherches appliquées (IMRA), institution internationalement reconnue, avait pourtant passé toutes les batteries de tests précisément demandés par l’OMS, dans le cadre d’un « Remède Traditionnel Amélioré ». Malgré la polémique, le CVO avait connu un succès retentissant dans toute l’Afrique, une quinzaine d’Etats ayant rapidement passé commande à Madagascar (RDC, Tanzanie, Comores, Tchad, Sénégal, Guinée-Bissau, Bénin…).
Le CVO, un remède controversé qui n’a pas dit son dernier mot
Face aux succès croissants du CVO en Afrique et la conduite des recherches dédiées en Europe ou en dans le cadre de partenariats scientifiques Etats-Unis/Madagascar, l’OMS a fini par finalement mettre de l’eau dans son vin en acceptant de faire passer au remède une batterie de tests en « interne ». Il n’en va pourtant pas de même pour l’Académie de médecine française qui a encore récemment rappelé dans un communiqué diffusé le 20 juin : « l’absence d’études cliniques contrôlées de tolérance et d’efficacité.» Une assertion précisément contredite par les conclusions de l’Institut Max Planck de Potsdam en faveur de l’artemisinine. Les tests sur patients sont certes encore à venir mais les premiers résultats sont très encourageants. Sans constituer une preuve formelle, cette annonce, par ruissellement, contribue à crédibiliser la solution portée par le CVO malgache : à plus forte raison quand les éléments proviennent d’un laboratoire européen.
Il ne s’agit toutefois pas de mettre un terme au débat, ce serait un non-sens scientifique, mais plutôt de s’interroger sur le dogmatisme de certains chercheurs occidentaux face à la médecine dite traditionnelle. La conception occidentale de la science et de la médecine ont porté des fruits magnifiques mais pour autant ce modèle est-il ontologiquement supérieur ? C’est contestable. L’IMRA continue d’ailleurs ses recherches sur la question, et cette fois en utilisant des batteries de tests plus approfondis, car travaillant à la confection non plus d’un remède mais bien d’un médicament (injection). Une preuve que des conceptions différentes de la médecine peuvent parfaitement s’incrémenter mutuellement et vivre en symbiose.
C.P. >