Va-t-on proroger ou pas l’état de siège, qui dure depuis 2 ans et 3 mois, dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu ? C’est tout l’enjeu de la table ronde qui a débuté le 14 août pour s’achever le 16 août au Palais du peuple et présidée par le chef de l’Etat Félix Tshisekedi. Il s’agit de faire l’évaluation de cette mesure instaurée depuis mai 2021, ses forces, ses faiblesses, entre autres. Pour cela, trois commissions ont été formées. La première commission travaille sur l’assertion du maintien ; la deuxième sur l’hypothèse de la requalification, la troisième sur la levée de l’état de siège. Les recommandations à ces trois assertions devront tenir compte, selon le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, du « contexte sociopolitique et sécuritaire à la veille des élections ».
Ces travaux réunissent les délégués de la présidence de la République, de l’Assemblée nationale, du Sénat, du gouvernement, du pouvoir judiciaire, des assemblées provinciales, des gouvernements provinciaux et du pouvoir coutumier. Y prennent également part, les personnes mandatées par la société civile, notamment les confessions religieuses, les organisations et associations reconnues, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) ainsi que des experts sur la question sécuritaire.
Dans son allocution, le président de la République a rappelé ce qui l’avait conduit à proclamer, conformément à la Constitution, ce dispositif exceptionnel. « J’avais activé ce dispositif constitutionnel avec l’engagement et la détermination d’endiguer des menaces graves et de sécuriser les populations et leurs biens, dans le seul but de rétablir une paix qui soit durable », a indiqué Félix Tshisekedi, qui a aussi reconnu que cet état de siège ne devrait pas s’éterniser, mais il était un cadre approprié au regard de la nature de la menace sécuritaire dans les deux provinces concernées. « Je suis conscient de ce que ce régime voulu exceptionnel par le constituant, n’a pas vocation à s’éterniser », a-t-il lancé, sous les applaudissements de l’assistance. « Je vous demande de bien vouloir prendre la mesure, la vraie de la situation, car il en va de la survie de la nation toute entière », a-t-il martelé.
Mais les voix sont loin de s’accorder autour de cette question stratégique, surtout pour les délégués de deux provinces sous état de siège, qui ne jurent que sur la levée de cette mesure exceptionnelle. « Comment l’état de siège peut-elle rester toujours en vigueur, alors qu’on s’apprête à rentrer en campagne électorale ? », s’est interrogé le député provincial Martyrs Abedjoa, élu d’Aru. « Aujourd’hui, l’état de siège semble ne plus avoir de raison d’être après les échecs à répétition de l’armée congolaise, et surtout depuis l’arrivée des troupes de l’East African Community (EAC) au Nord-Kivu », a renchéri Anne Kavira, déléguée de la société civile de Beni.
À l’issue de trois jours d’évaluation, des recommandations et résolutions seront soumises à l’autorité du président de la République afin de prendre une décision. Et si le président Tshisekedi venait à mettre fin à l’état de siège, les gouverneurs civils en postes avant l’état de siège reprendront leurs pouvoirs pour le reste de la législature.
Rich Ngapi