« Le Gouvernement de la République du Burundi annonce avec une très grande tristesse le décès inopiné de Son Excellence Pierre Nkurunziza, Président de la République du Burundi, survenu à l’Hôpital du Cinquantenaire de Karusi suite à un arrêt cardiaque ce 8 juin 2020. » C’est par Twitter que les autorités burundaises ont annoncé officiellement, le 9 juin, le décès du président sortant Pierre Nkurunziza, 55 ans, d’une crise cardiaque. Depuis samedi 6 juin, la capitale, Bujumbura, bruissait d’informations sur la mauvaise santé du chef de l’Etat, mais les sources officielles se refusaient à confirmer ce qu’elles qualifiaient alors de « rumeurs », avant de rétropédaler. Selon le communiqué gouvernemental, le président avait assisté à un match de volley-ball, samedi après-midi, dans son fief de Ngozi. Mais dans la nuit de samedi à dimanche, il «a senti un malaise et s’est vite rendu à l’hôpital de Karuzi pour se faire soigner». Selon le communiqué, « son état de santé s’est amélioré » le dimanche, avant de se dégrader dans la matinée du lundi 8 juin avec un arrêt cardiaque. Malgré les tentatives de réanimation, avec une « une prise en charge intense, continue et adaptée, l’équipe médicale n’a pas pu récupérer le patient », détaille le communiqué. Ainsi prend fin quinze ans de règne sans partage de l’ancien chef rebelle, qui devait quitter le pouvoir le 20 août prochain pour laisser la place à son successeur, le général Évariste Ndayishimiye, élu en mai dernier. En attendant l’investiture du nouvel homme fort du pays, l’intérim devrait être assuré, selon la Constitution adoptée en 2018, par le président de l’Assemblée nationale, Pascal Nyabenda.
Né en décembre 1964 à Ngozi, dans le nord du pays, d’un père, député, tué lors de massacres interethniques qui déciment l’élite hutu en 1972. A la sortie de ses études secondaires, il voulait devenir officier ou économiste. Mais il devra renoncer à ses ambitions à cause des restrictions instaurées par le pouvoir tutsi d’alors contre les Hutus. En 1991, il devient finalement professeur d’éducation physique. Après les massacres interethniques de mai 1995, il rejoint la rébellion des Forces démocratiques de défense (FDD, mouvement militaire hutu contre le pouvoir tutsi en place), formée au début de la longue guerre civile de 1993-2006. En 2001, il est à la tête du FDD, qui se transforme en parti politique. En 2003, Pierre Nkurunziza est nommé ministre de la Bonne gouvernance et de l’Inspection générale de l’Etat du gouvernement de transition du président Domitien Ndayizeye, issu des accords d’Arusha (Tanzanie), signés en 2000, qui ont mis fin à un conflit qui a fait près de 300 000 morts.
En 2005, les élections générales voient la victoire de la rébellion du Conseil national pour la défense de la démocratie/Forces pour la défense de la démocratie (Cndd-FDD). Pierre Nkurunziza est élu président par le Parlement, puis au suffrage universel en 2010. Sa candidature à un troisième mandat très controversé en 2015 avait plongé le Burundi dans une crise politique qui a fait plus de 1200 morts et 400 000 exilés.
La Rédaction>