Cette communauté économique régionale devait se réunir depuis l’année dernière afin d’examiner la situation humanitaire dramatique dans la région. Elle y consacre donc une réunion extraordinaire à laquelle vont prendre part plusieurs chefs d’Etat avec en toile de fond l’aggravation de la crise sécuritaire dans l’est de la RDC.
Un jour avant le sommet conjoint EAC-SADC prévu samedi 8 fevrier à Dar es-Salaam en Tanzanie – consacré à la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu -, le Rwanda et la RDC se retrouvent d’abord ce vendredi 7 février à Malabo. Il s’y tient en effet un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale. Cet aréopage pourrait regrouper, outre les deux voisins des Grands lacs, les présidents de neuf autres pays ou leurs représentants, à savoir : l’Angola, le Burundi, la Centrafrique, la République du Congo, le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad.
Le sommet de ce jour devait auparavant se tenir l’an dernier afin d’examiner la situation humanitaire dans la zone Afrique centrale. On y dénombre aujourd’hui quelque 8 millions de déplacés internes. Leur situation est de plus en plus dramatique. On trouve certes peu de réfugiés. Mais la crise humanitaire s’aggrave jour après jour. Et pour cause ? Le géant rd-congolais, qui partage des frontières avec pas moins de neuf pays, s’enfonce dans une crise sécuritaire aigüe. L’Est de la RDC s’embrase. Les armes parlent là-bas, ce qui provoque des mouvements de populations. Des dizaines de milliers de personnes ont d’abord fui les combats dans plusieurs localités du Nord-Kivu pour se réfugier à Goma. Là encore, les affrontements entre les FARDC appuyées par les Wazalendo et les rebelles du M23 soutenus militairement par les RDF, l’armée rwandaise, les ont rattrapés. Peu avant fin janvier, les combats ont fait rage autour et dans le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Ceux qui y ont trouvé refuge ont dû à nouveau se déplacer vers le Rwanda et le Burundi. La situation humanitaire a de ce point de vue empiré.
« Actualité oblige, la situation sécuritaire à l’est de la RDC, qui est d’ailleurs à l’origine de la situation humanitaire dramatique au cœur de l’Afrique, sera à l’ordre du jour du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC», croit savoir un des responsables de ladite communauté régionale. Les dirigeants de cette partie du continent africain ont donc du pain sur la planche. Ils vont certainement lancer un appel en direction de la communauté internationale afin de les aider à subvenir aux besoins des déplacés. Mais ils ne vont pas s’exonérer de leurs responsabilités. Et ce, d’autant que, à en croire le numéro un burundais, Evariste Ndayishimiye, les risques d’une guerre généralisée en Afrique centrale sont de plus en plus élevés. Surtout si les rebelles du M23 progressent davantage avec l’aide du Rwanda dans la province du Sud-Kivu. Selon le président de l’Assemblée nationale en RDC, Vital Kamerhe, ils ne sont plus qu’à une centaine de kilomètres de Bukavu et à 70 km de l’aéroport de Kavumu. Les agences des Nations unies avouent leur impuissance. Elles tirent la sonnette d’alarme.
L’aide humanitaire fait cruellement défaut. Les concerts de casseroles vides sont devenus assourdissants pour de nombreux dirigeants de la région. Vont-ils pour autant prendre le taureau par les cornes ? Rien n’est moins sûr ! Ils peuvent cependant surprendre agréablement les déplacés. D’autant qu’avant leur arrivée dans la capitale équato-guinéenne, les chefs d’état-major de leurs armées respectives et les ministres de la Défense ont eu à se réunir pendant deux jours pour échafauder un plan d’action. Ils ont toutefois refilé la patate chaude à leurs commandants suprêmes. Il leur revient maintenant de prendre des décisions qui peuvent parfois faire grincer des dents parmi eux. Quel signal la CEEAC entend-elle envoyer à la SADC et à l’EAC qui se réuniront demain en Tanzanie ? « Lors de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, ces derniers peuvent aussi bien décider, sur le conflit entre le Rwanda et la RDC, d’attendre les conclusions du sommet de Dar es-Salaam avant d’agir », prévient un diplomate de la sous-région.
Pendant les travaux préparatoires à Malabo, le vice-ministre de la Défense nationale de la RDC, Samy Adubango, n’a pas mâché ses mots. Il a vertement critiqué le Rwanda, refusant même de poser pour la photo de famille avec le représentant de Kigali. Ambiance ! Plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement sont déjà arrivés sur place. C’est notamment le cas de Denis Sassou-N’Guesso dès jeudi après-midi. Paul Kagame fera-t-il le déplacement ? Qui va par ailleurs représenter la RDC ? Est-ce le président Félix Tshisekedi également attendu samedi en Tanzanie ? Ou est-ce le ministre de l’Intégration régionale, Didier Mazenga, déjà présent dans la capitale équato-guinéenne ? Plus il y aura des chefs d’Etat présents, plus les échanges seront intéressants. F.K.