C’est une nouvelle étape pour Kinross, l’aboutissement de discussions démarrées il y a plusieurs mois avec le gouvernement de Mauritanie afin de parvenir àun accord permettant d’élargir la zone d’exploitation de la mine aurifère de Tasiast – l’une des plus importantes d’Afrique -, tombée dans le giron de Kinross après le rachat de Red Back Miningen 2010. Le deal porte sur l’extension de la zone de prospection et l’octroi d’une licence d’exploitation sur Tasiast Sud, qui a le potentiel de produire environ 330 000 onces d’or sur cinq ans. La lettre d’intention signée le 15 juin par le ministre du Pétrole, des Mines et de l’Énergie, Mohamed Abdel Vetah, et le PDG de Kinross, J. Paul Rollinson, marque un tournant dans la collaboration entre le minier et les autorités en posant les bases d’un partenariat pour un bénéfice mutuel.
Collaboration renforcée et bénéfices partagés
Concrètement, cet accord se traduit par l’octroi d’une licence d’exploitation de 30 ans de Tasiast Sud, permettant de poursuivre l’exploration et d’engager un début de production des ressources existantes dans le contexte spécifique du Covid-19, avec la possibilité d’une exploitation minière précoce. Un gage de stabilité notable alors que la Mauritanie a récemment subi la décision de BP de retarder la mise en production de son gisement à 2023. Il marque aussi de nouvelles modalités de collaboration avec le gouvernement, qui reçoit gratuitement une participation de 15% dans Tasiast Sud assortie d’une option d’achat de 10 % dans le projet après l’achèvement des travaux de faisabilité. Un modèle susceptible d’intéresser d’autres pays disposant comme la Mauritanie d’importantes ressources minières, en les associant directement à la conduite des affaires d’investisseurs étrangers. Le gouvernement nommera en outre deux observateurs au conseil d’administration de TMSLA ainsi qu’un représentant et un observateur dans celui de l’entité qui opérera Tasiast Sud, ceci dans un souci de transparence, indique le communiqué de presse.
Afin de s’aligner sur les pratiques en vigueur dans la sous-région, Kinross a aussi proposé de s’acquitter d’une redevance modernisée et croissante, indexée sur le prix de l’or, qui s’ajoute à la redevance fixe de 3 % en vertu de la convention de 2006 sur l’exploitation minière de Tasiast, toujours d’actualité. Grâce à cette nouvelle approche, le pays pourra recevoir une part plus juste des bénéfices économiques de la mine de Tasiast, a fortiori dans un environnement favorable de prix de l’or, et être en conformité avec les niveaux appliqués chez ses voisins. À compter du 1er juillet, le gouvernement mauritanien verra ainsi sa redevance passer du niveau actuel de 3% à 6% au prix actuel de l’or – celle-ci pouvant atteindre 6,5% lorsque les prix de l’or dépassent 1 800 $ l’once. Autant de contributions bienvenues dans un contexte mondial marqué par un ralentissement économique.
Revenus stables et pérennes
Au-delà de la mine de Tasiast, déjà portée par une bonne performance opérationnelle, par l’avancement du projet d’expansion 24k et dont les perspectives sont renforcées par ce nouvel accord, ce dernier devrait créer un appel d’air pour le secteur minier dans le pays en servant de catalyseur pour de nouveaux investissements sur le long terme. De quoi amplifier les efforts du gouvernement mauritanien pour attirer les investissements directs étrangers, qui se sont traduits récemment par le soutien apporté au projet Tasiast par des institutions telles que la Société financière internationale(SFI), Exportation et Développement Canada (EDC), la banque ING et la Société Générale.« Cet accord met en évidence notre volonté de contribuer à un climat attractif d’investissement dans le pays. Il garantit également un partage équitable des bénéfices qui découlent de la mine de Tasiast entre Kinross et la Mauritanie », a souligné Mohamed Abdel Vetah.
À terme, au-delà de revenus stables et pérennes, la Mauritanie pourra aussi miser sur la perspective de recrutements locaux, une fois passée l’étape de prospection et les études de faisabilité. Kinross s’est d’ores et déjà engagé à poursuivre ses efforts de « mauritanisation » de ses effectifs, 95 % de ses employés étant déjà Mauritaniens. Le géant aurifère a également insisté sur son intention d’accroître autant que possible les sources d’approvisionnement dans le pays– l’an dernier, il avait eu recours à près de 250 fournisseurs et prestataires mauritaniens selon le communiqué.« Cet accord équilibré apportera des bénéfices à la Mauritanie et à sa population, notamment en contribuant de façon significative au développement de l’industrie minière du pays », résume J. Paul Rollinson, PDG de Kinross. L’exploitation minière devrait pouvoir démarrer dans les douze mois suivant la finalisation de la documentation juridique qui devrait être finalisée sous 90 jours.
C.P. >