RDC : Jean-Pierre Kiwakana appelle à un sursaut collectif et immédiat

Photo de famille des conseillers de la République encadrant leur président, Jean-Pierre Kiwakana, à l'issue de la séance de clôture de la session ordinaire d'octobre 2025

Le président du Conseil économique et social, Jean-Pierre Kiwakana, a clos, lundi 1er décembre, la session ordinaire de cette assemblée consultative, après deux mois de travaux intenses démarrés le 1er octobre dernier.

Durant cette dernière session de l’année, placée sous le thème « la RDC face aux enjeux du moment », les soixante-huit membres du Conseil économique et social (CES) ont adopté neuf avis, ce qui constitue un record, à en croire son premier vice-président, Pr Léon  Kyaboba, soulignant que « la session a donc été laborieuse et abondante ». Dans son allocution de clôture, le président de l’institution, Jean-Pierre Kiwakana, a fait un tour d’horizon complet du travail qui a été accompli par les conseillers de la République. Vantant leurs mérites, la qualité de leurs contributions et la pertinence de leurs interventions au cours de cette session, il leur a rappelé ce qu’est leur devoir sacré : « La patrie est notre mère, la nation est notre enfant. L’une doit être respectée et chérie ; l’autre doit être protégée, guidée et nourrie. » Une formule qu’il leur a déjà lancée lors de l’ouverture de la session, les exhortant par ailleurs à « aimer, soutenir et défendre leur pays ».

Assemblée consultative, souvent considérée comme un “trait d’union” entre la société civile et les instances politiques, le travail des membres du CES consiste à débattre, à délibérer et à émettre des avis destinés au pouvoir exécutif. Ce dernier est censé les prendre en compte dans ses décisions et à les traduire aussi en actes de gouvernement. L’institution se saisit en effet de tous les sujets à caractère économique, social, environnemental voire sécuritaire. D’où un rappel de Jean-Pierre Kiwakana de la situation qui prévaut actuellement dans la partie orientale du pays, sous occupation étrangère. « La tragédie à l’est du pays n’est que la partie visible de l’iceberg, souligne-t-il. Nous faisons face à une guerre multiforme, sournoise et insidieuse. »

Autre préoccupation : l’environnement. Pour preuve, la participation d’une délégation du CES, composée du rapporteur René Ngongo et du conseiller Raphaël Tshimanga, à la COP 30, qui s’est déroulée en novembre dernier à Belém, au Brésil. Une présence qui revêt une importance non négligeable pour l’institution. « À cette occasion, la délégation du CES a fait entendre sa voix sur la nécessité de préserver les forêts du bassin du Congo dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques », s’est enorgueilli le président du Conseil. Ce dernier s’inquiète par ailleurs de la surexposition de l’économie nationale au secteur primaire. D’autant que la RDC n’est pas en mesure d’influer sur les cours des matières premières fixés, notamment par les acheteurs. À ses yeux, il convient donc de diversifier davantage l’économie et de renforcer le secteur non minier. Cela « est une nécessité absolue si nous voulons voir des relais de croissance à moyen et long terme », déclare-t-il. Mais rien ne peut se faire sans un accès adéquat à l’énergie et sans améliorer les infrastructures de base. Il a par ailleurs rappelé qu’une croissance doit d’abord être créatrice d’emplois. Or l’économie rd-congolaise, malgré ses performances, en crée peu. Le numéro un du Conseil a alors déploré les conséquences des pillages de 1991 et 1993. Pour preuve, les emplois détruits au cours de cette séquence malheureuse n’ont jamais été reconstitués. Pour ne rien arranger, chaque fournée de diplômés du système éducatif actuel n’incite pas à l’optimisme. « Nous ne cesserons de plaider pour un système éducatif adapté à nos priorités. Nous gagnerons ou nous perdrons le combat du développement dans les écoles et dans les universités congolaises», a martelé le patron du CES.

Autre point ayant retenu son attention: l’évolution favorable du marché des changes, où le franc congolais a repris des couleurs face aux devises étrangères. Il a notamment salué les décisions de la Banque centrale du Congo, qui a mis en place plusieurs mesures : une injection des devises sur le marché des changes, un réajustement du taux de réserves obligatoires des banques cristallisé, la réduction du taux directeur passant de 25% à 17,5% entre août et octobre 2025. Dans une récente note technique, le CES avait salué ces mesures, qui ont conduit à une appréciation du franc congolais face notamment au dollar. Ce qui, pour l’institution, devrait avoir des retombées positives directes et indirectes pour les ménages, mais aussi pour les entreprises et l’Etat congolais. L’appréciation du franc congolais conforte ou au mieux augmente le pouvoir d’achat, car elle permet au Congolais d’acheter plus avec le même revenu, avait-elle relevé.


La Rédaction