Dans son discours de clôture de session, Jean-Pierre Kiwakana, président du CES aborde des enjeux clés concernant notamment la souveraineté nationale, la justice, l’économie et l’éducation.
Fin de session pour le Conseil économique social. A cette occasion, le président du Conseil économique et social (CES), Jean-Pierre Kiwakana, a délivré, le 2 juin, son discours de clôture de la première session de la troisième mandature de l’organisation. C’est un moment privilégié pour présenter les travaux « de ces deux derniers mois de la session d’avril qui ont été d’une intensité exceptionnelle », affirme-t-il.
Pour rappel, le CES est une assemblée consultative qui délivre des avis consultatifs sur des questions économiques et sociales qui lui sont soumises par le président de la République, l’Assemblée nationale, le Sénat et le gouvernement. Le CES peut de sa propre initiative, appeler l’attention du Gouvernement et des provinces sur les réformes qui lui paraissent de nature à favoriser le développement économique et social du pays.
Justice, économie, éducation
Dans son discours, justement, Jean-Pierre Kiwakana préconise des réformes profondes au niveau des trois secteurs clés : la justice, l’économie et l’éducation. Il souligne ainsi, une fois de plus, la nécessité d’une réforme du système judiciaire afin de restaurer la confiance des citoyens dans l’administration de la justice. Il est essentiel que la justice soit accessible à tous et qu’elle garantisse l’égalité devant la loi.
Dans le domaine de l’économie, il dénonce le fait que les entreprises congolaises ne soient pas en mesure de rivaliser avec les entreprises étrangères du fait qu’elles ne bénéficient pas des mêmes avantages fiscaux. Pire, elles sont soumises à une fiscalité lourde et irrationnelle. Là aussi, il s’agit de la réitération d’une recommandation de réforme fiscale maintes fois présentée.
Dans son discours, il évoque la volonté du gouvernement de diversification de l’économie qui se heurte à des problèmes structurels majeurs. Il énumère ainsi, le manque d’infrastructures, d’accès à l’énergie, le taux encore très faible de desserte numérique, le déficit criant de personnel qualifié, le risque juridique, la pression fiscale et les difficultés d’accès aux services publics de qualité, comme autant de freins.
« L’impossibilité pour un entrepreneur de se conformer à toutes les règles et taxes en vigueur est une source de tracasseries, de mauvaise gouvernance et un point de tensions pouvant contribuer à des situations désastreuses. Cet état de fait est la conséquence directe de plus de trente années de pillages et de guerres successives ayant affaibli l’Etat et ayant permis la privatisation des services et des revenus de l’Etat au profit d’individus sans scrupules. Sans une prise de conscience collective et une adhérence générale et sincère à la lutte contre la corruption prônée par le chef de l’Etat, notre situation collective ne pourra s’améliorer », poursuit-il. Il insiste ainsi sur la gouvernance et la nécessité de mettre l’éthique au centre de toutes les préconisations.
L’avenir passe aussi par l’éducation. « La RDC a désespérément besoin de réformes éducationnelles, insiste-t-il. Investir massivement et efficacement dans l’éducation est une action rentable en termes d’efficacité économique et de réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité des populations ».
La guerre
« La situation sécuritaire préoccupante empêche l’Exécutif de dérouler sa stratégie de développement comme prévu en rendant les arbitrages entre les besoins liés à la défense nationale et ceux liés au bon déroulement de son programme économique particulièrement délicats », observe le président du CES, pointant la responsabilité du Rwanda. La paix n’a pas de prix, mais elle ne doit pas se faire au détriment de celui qui est agressé. Il se félicite alors de l’intensification des initiatives de paix menées en Afrique et ailleurs (Luanda, Nairobi, Doha, Washington…).
« Goma et Bukavu subissent encore une occupation avec le plein soutien d’une armée étrangère et ceci en violation flagrante des lois internationales », rappelle Jean-Pierre Kiwakana.
Intersession
Si la session est close, le travail ne va pas s’arrêter. Tous les dossiers en cours n’ont pu être traités. « Il nous reste encore plusieurs arriérés de projets d’avis de la présente session ainsi que la note technique sur la Zone de Libre Échange Continental Africaine (ZLECAF), qui devront être finalisés, durant la période d’intersession qui démarre dès demain », explique-t-il. Parmi les sujets qui seront étudiés, le CES se penchera, entre autres, sur l’entrepreneuriat agricole des jeunes, les frontières de la RDC, le corridor de Lobito, la réduction de la dépendance économique de la RDC, la gestion des déchets, la redevance minière. Tous ces projets d’avis seront présentés lors de la prochaine session plénière d’octobre 2025.
Anne Lauris