Le Japon et la RDC entretiennent de bonnes relations diplomatiques et économiques ainsi qu’une coopération très active depuis l’indépendance du Congo et l’ouverture concomitante des relations diplomatiques entre les deux pays, il y a de cela 60 ans. Huit mois seulement après son arrivée au pouvoir en janvier 2019, le président Félix Tshisekedi effectue, en août, sa première visite dans ce pays ami pour participer à la septième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui s’est déroulée du 28 au 30 août à Yokohama. Deux mois plus tard, il est invité à la cérémonie d’intronisation du nouvel empereur nippon, Naruhito. Mais le président congolais a dû annuler son déplacement à la dernière minute en raison d’un grave accident, qui s’est produit sur la route nationale n°1 dans la province du Kongo central, causant la mort d’une quinzaine de personnes. Fin novembre 2019, une nouvelle invitation lui est de nouveau adressée par les autorités japonaises pour une deuxième visite, celle-ci programmée pour le mois de mars 2020. Mais une fois de plus, un nouvel événement va contrecarrer cet agenda : l’épidémie du coronavirus qui sévit dans le monde entier depuis le début de l’année. Aucune nouvelle date pour cette visite n’est encore fixée, tant la crise sanitaire due au Covid-19 joue les prolongations. En coulisse, cependant, les relations entre les deux pays sont toujours au beau fixe et les dirigeants de grands groupes industriels japonais se montrent toujours fortement intéressés par des investissements en RDC et par des approvisionnements en matières premières sensibles.
Ce chamboulement de l’agenda présidentiel n’a pas entamé les ardeurs de Lubanga Kasela Kass, le chargé d’affaires par intérim dépêché dans la capitale de l’archipel pour préparer le voyage présidentiel. L’émissaire, auparavant en poste à Luanda (Angola), s’est attaché à redonner son lustre à la représentation diplomatique congolaise à Tokyo. Les fonds alloués par Kinshasa pour préparer la visite du chef de l’État ont servi notamment à améliorer le cadre de travail. Le diplomate Lubanga Kasela, qui a déjà été par le passé en poste au Japon, a relocalisé l’ambassade dans le prestigieux quartier de Minami Aoyoma, situé en plein cœur de la capitale, où siège la majorité des chancelleries étrangères présentes dans l’empire du Soleil levant. Avec des bureaux plus spacieux, la nouvelle représentation congolaise est située à dix minutes du ministère japonais des Affaires étrangères, de la Diète (le Parlement nippon) et de la résidence du Premier ministre, Shinzo Abe. Le quartier choisi par Lubanga Kasela Kass a également l’avantage d’être un centre culturel et d’affaires, ce qui tranche avec la précédente localisation de l’ambassade.
Le changement d’adresse ne concerne pas que la représentation diplomatique. La résidence qu’occupera le prochain chef de mission à Tokyo a été relocalisée dans l’arrondissement voisin de celui de la chancellerie. Ses voisins appartiennent tous à l’élite japonaise issue de l’univers politique, des milieux artistiques et du monde des affaires. De nombreux diplomates de haut rang ont également élu domicile dans le quartier résidentiel de Setagaya. Selon la description envoyée à Kinshasa, celui-ci est situé à l’ouest de Tokyo et proche des arrondissements centraux, bénéficiant d’un cadre de vie agréable et familial. « Il s’agit d’un emplacement idéal pour abriter la résidence du chef de mission diplomatique », s’enorgueillit Lubanga Kasela Kass.
Le diplomate congolais peut enfin souffler. Mais il n’en a pas pour autant fini avec les dossiers à traiter. Le plus dur reste plutôt à faire : vendre la destination RD Congo aux éventuels touristes japonais et surtout attirer les investisseurs potentiels. A ce propos, dans un entretien paru au Japan Times, sponsorisée par le constructeur automobile Toyota Tsusho et Inpex (leader japonais du pétrole), il a fortement insisté sur l’importance d’imaginer de nouvelles modalités de coopération et d’échange dans la période post-Covid-19. Si les entreprises japonaises parvenaient à créer des emplois au Congo-Kinshasa, l’investissement personnel de Lubanga Kasela Kass n’aura donc pas été vain.
La rédaction