N’ayant rien vu venir, l’ex-président et allié de Félix Tshisekedi jusqu’en décembre dernier a en effet été poussé manu militari vers l’opposition. Certains diront vers la sortie tout court. Mais a-t-il pour autant quitté la scène politique ? Rien n’est moins sûr ! Il va peut-être mourir d’inanition, prédisent de leur côté les mauvaises langues. Pour sa part, tel un rouleau compresseur écrasant tout sur son passage, le nouvel homme fort de la RDC a mis en charpie le FCC pro-Kabila, devenu méconnaissable. Cette plate-forme a perdu en l’espace de deux mois toutes les places fortes qu’elle occupait, notamment à la tête de toutes les institutions importantes du pays, à savoir: la Primature, l’Assemblée nationale et le Sénat. Même la cour constitutionnelle a été «dékabilisée».
C’est donc un chef de l’Etat exerçant désormais pleinement le pouvoir qui est arrivé vendredi 5 février à Addis Abeba. C’est aussi auréolé d’une victoire inattendue qui prend en même temps les allures d’un déboulonnage du système Kabila que Félix Tshisekedi a été intronisé le lendemain roi d’Afrique, selon l’expression jadis utilisée par le défunt guide libyen, Mouammar Kadhafi. Il est seul aux commandes de la RDC. Il est aussi devenu, le temps d’une année pleine, le seul commandant de bord aux manettes de l’Union africaine. Qui l’eût cru ?
Pendant un an, le dirigeant congolais sera écartelé entre ses obligations nationales et ses priorités à la tête de l’Union africaine. Il lui faut donc trouver sur le plan national un bon Premier ministre susceptible de bien gérer les affaires de l’Etat, sachant également réformer dans les plus brefs délais le pays et veillant surtout à la sécurité de la population. S’il met la main sur cet oiseau rare – une annonce devrait être faite cette semaine -, Félix Tshisekedi pourra alors dégager du temps pour se consacrer à ses taches panafricaines. Il devra laisser le prochain chef du gouvernement gouverner pleinement. Selon les prévisions les plus optimistes, la RDC devrait être dotée d’un nouveau gouvernement vers la fin du mois de février, à condition que les négociations avec les nouveaux alliés de l’Union sacrée voulue par le président RD-congolais ne trainent pas en longueur comme c’est souvent le cas dans ce pays d’Afrique centrale. Où les hommes politiques ne sont mus que par leurs propres intérêts. On s’attend aussi à un gouvernement au format resserré.
Fin janvier, le numéro un RD-congolais a confié la direction de son cabinet à l’un de ses proches, Guylain Nyembo qui a vécu longtemps comme lui en Belgique. Cet homme de confiance s’attèle à la reconfiguration de l’administration présidentielle. Là encore, un bon casting améliorerait le rendement et l’efficacité des services de la Présidence. Le président en exercice de l’UA s’en trouverait forcément renforcé dans la valeur ajoutée qu’il peut apporter aux équipes sur le terrain de la commission de l’organisation panafricaine.
Bref, le nouveau leadership affiché par Félix Tshisekedi peut aussi l’aider à réussir sa mission à la tête de l’ex-OUA. Ce qui le mettrait à coup sûr sur une rampe de lancement en vue d’une nouvelle candidature à la présidentielle de 2023 dans son pays.
La rédaction