Cinq ans après leur dernière rencontre, dirigeants africains et européens se retrouveront à Bruxelles pour définir de nouvelles bases de leur coopération, dans un contexte de pandémie de Covid-19 qui a fait bouger les lignes.
Cinq ans après le précédent qui s’est tenu à Abidjan, en Côte d’Ivoire en 2017, les dirigeants de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA), ainsi que ceux de leurs États membres respectifs, se réuniront dans quelques jours (17 et 18 février) à Bruxelles, à l’occasion du sixième sommet des deux institutions. Selon le président du Conseil européen, le Belge Charles Michel, « le sommet constituera une occasion unique de jeter les bases d’un partenariat renouvelé et approfondi entre l’UA et l’UE bénéficiant d’un engagement politique au plus haut niveau fondé sur la confiance et une compréhension claire de nos intérêts mutuels ». Trois thèmes principaux seront abordés au cours de cette réunion, à savoir définir les principes fondamentaux d’une future alliance établie dans le respect et l’intérêt mutuels, la manière d’instituer un espace commun de prospérité, et enfin la question de la sécurité et de la stabilité. Parallèlement, plusieurs tables rondes thématiques, auxquelles participeront les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE et de l’UA seront organisées autour de plusieurs sujets : financement de la croissance,systèmes de santé et production de vaccins, agriculture et développement durable, éducation, culture et formation professionnelle, migration et mobilité, soutien au secteur privé et intégration économique, paix, sécurité et gouvernance, changement climatique et transition énergétique, connectivité et infrastructure numériques, transports…
Reporté en octobre dernier en raison de la pandémie de Covid, mais aussi à cause de nombreux points de désaccord sur les thèmes à mettre sur la table, les retrouvailles entre les deux institutions régionales devraient « définir les priorités clés pour les années à venir et pourrait fournir les orientations stratégiques et politiques pour les relations entre les deux continents », a précisé Charles Michel lors d’une réunion préparatoire du sommet en décembre dernier. Du côté de la France, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, qui a pris, début janvier, la présidence du Conseil européen, ne cache pas sa volonté de créer les bases d’un « new deal économique et financier » pour l’Afrique. « L’UE souhaite demeurer, à tous égards, le premier partenaire de l’Afrique sur le plan économique, commercial, mais aussi en matière de sécurité, d’aide publique au développement et humanitaire », a souligné le Français Franck Riester, ministre délégué auprès de celui de l’Europe et des Affaires étrangères, en charge du Commerce extérieur et de l’attractivité, le 10 janvier dernier à Paris, lors d’une rencontre préparatoire en amont du sommet intitulée « Relations commerciales Union européenne-Afrique : vers de nouveaux partenariats ».
Toutes ces « bonnes » intentions sont bien reçues de l’autre côté de la Méditerranée, mais pas pour argent comptant pour autant. « Nous sommes ouverts à tous les partenariats, sans exclusion, ni exclusivité,pourvu qu’ils soient mutuellement bénéfiques et respectueux de nos priorités de développement et de nos choix de société (…) J’ai la ferme intention de porter haut et fort notre message pour des partenariats rénovés, plus justes et plus équitables », a notamment déclaré, le 5 février à Addis Abeba, le président sénégalais Macky Sall, en prenant le relais de son homologue congolais Félix Tshisekedi à la tête de l’Union africaine.Souhaitant« que nos rendez-vous avec l’Union européenne dans quelques jours, et avec la Corée, la Russie, le Japon et le monde arabe, plus tard cette année s’inscrivent dans la même dynamique ».
L’effet Covid a fait bouger les lignes d’un côté comme de l’autre, obligeant les deux partenaires à définir de nouvelles bases de leur coopération, sans crainte d’aborder les sujets qui fâchent au cours de leurs discussions à Bruxelles.
La rédaction